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dimarts, 5 de juliol del 2016

Mérite, mépris, adulation



Cette manie des hommes de mépriser tout ce que les autres font est irréductible. Même lorsque rarement l’on en est conscient, l’on ne peut pas éviter de tomber dans le piège. Du coup on doit faire son mieux, on doit travailler sans amour pour autrui, et il ne faut pas s’inquiéter puisqu’il est faux que sans amour pour autrui on peut pas trouver le bonheur. L’impossibilité de servir nous rendrait malheureux, bien sûr, mais servir ne veut pas dire consacrer amour pour ceux auxquels on sert. On ne doit travailler que pour soi pour satisfaire les autres, les autres qui ne vont pas reconnaitre le mérite de ce que leur satisfait de notre travail. On doit travailler, donc, pour son amour de soi. C’est comme ça que l’humanité progresse. Là-dessus je recommande la lecture d’Ayn Rand, dont King Vidor a tourné le film Le rebelle (The Fountainhead) basé sur son bouquin homonyme.


Le mépris pour ce que les autres réalisent atteint même celui qui reconnaît les exploits des autres. Normalement la reconnaissance n’a rien à voir avec les mérites comme tels mais avec l’adulation pour le sujet admiré. On adule l’autre à travers ses mérites. On n’adule pas les mérites, mais à l’autre. L’adulation, comme Cioran le disait, c’est la forme la plus subtile de mépris. Certes, les mérites peuvent être appréciés, mais jamais comme ils méritent d’être reconnus, au cas où ils le mériteraient. L’intensité de l’appréciation n’est jamais juste, et d’ailleurs il serait tout à fait impossible d’établir la barre exacte pour cette justice. La subjectivité entre en jeu. Tout au plus, on croit reconnaitre les mérites des autres, mais la vérité c’est que, jusque dans la reconnaissance, le plus important, et qui est dans l’inconscient, c’est le sujet des actions, pas les actions elles-mêmes. Le mépris n’a pas toujours à voir avec l’envie ou la méchanceté, mais très souvent avec le manque d’empathie inévitable qui aboutit sur l’égoïsme aussi inévitable en tout être vivant. Il s’agit tout simplement du principe du plaisir freudien qui en ce cas ne peut être conditionné par aucun principe de réalité.


Même l’homme empathique, l’homme le plus sensible et intelligent qui vraisemblablement est capable de reconnaître les exploits des autres est conditionné par l’idolâtrie de l’autre, l’autre qui en outre ne devient que le reflex des propres souhaits et frustrations. De là que même l’homme empathique anéantisse sa qualité en saluant les mots ou la tâche de l’homme déjà prestigieux ou simplement prestigié, tandis qu’il méprise les mêmes mots ou tâches réalisés par l’homme anonyme. En fait, plus proche cet homme anonyme est de lui, plus sera-t-il tenu pour acquis, à savoir méprisé.



L’homme a un cerveau pour se guérir et guérir, le même cerveau qui lui sert inévitablement pour se blesser et blesser étant victime de ses contraintes.


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