Ja podeu llegir els meus escrits publicats en e-book a Amazon. Compreu-los. No us els perdeu.

dissabte, 3 de març del 2018

Avant même de l'agonie



Chaque jour je rentre dans la chambre pour la surveiller et elle est là, indéfectiblement là, et même si je sais qu’elle y est je le doute, lors d’une absurde seconde je le doute, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu’au fond il me semble impossible de pouvoir rester en silence dans la chambre, la vieillarde allongée au lit jour après jour le jour, pour le restant de sa vie déjà. Mon étonnement à cause du manque de sens et de la résistance à la mort, et tout souligné par le silence. Je m’étonne à chaque fois que je la vois au lit, vivante, respirant faiblement mais respirant, haletant, le souffle faible mais suffisant pour la maintenir vivante, qu’elle soit là. C’est toujours pareil, mon étonnement et la constance imperturbable de sa vie. Puis le tout petit pot à fleurs sur le rayon, au pied du lit, l’horrible pot à fleurs artificielles, en plus artificielles !, même le pot semble artificiel, en plastique comme les fleurs que je me rends compte que ne sont pas tellement fleurs mais des imitations plastique, et alors que je m’y rapproche je n’y vois pas tellement de fleurs mais des poivrons, quelques horribles poivrons rouges sous forme de fleurs, on dirait sur la distance, mais non, ce sont vraiment des petits poivrons rouges, une image effrayante au point qu’il faudrait tuer l’inventeur de ces petits poivrons du pot à fleurs que je me demande ce qu’il fait là, dans la chambre, le mauvais goût de la vieillarde, bien que je ne sais pas si elle l’aime, si ça a été elle qui a choisi d’avoir dans la chambre où elle va passer le reste de ses jours le pot à fleurs aux poivrons rouges. Il pourrait y avoir bien des beaux pots à fleurs naturelles, mais non, il y a ce pot à fleurs-là, le plus moche des pots à fleurs imaginables, tout petit, au coin, sur le rayon en bois, très beau le rayon, ce qui justement souligne la laideur du pot à fleurs et le rend plus laid encore, plus effrayant, aussi bien impossible que ça me semble.

Je regarde de près la figure de la vielle, ses rides, son expression morne qui avance la mort, la même expression qu’elle aura quand elle mourra, pense-je, l’expression exacte de la mort, pense-je imbécilement, comme si la mort avait d’expression, mais elle est encore vivante, miraculeusement vivante, pense-je, et puis je ne résiste plus d’être là est me retourne vers la porte et me demande avant de quitter la chambre si je devrais prendre l’effrayant pot à fleurs artificiel ou le laisser là avec elle. Je ne suis pas sûr à propos du pot à fleurs, pense-je. Je sais juste qu’il est laid, du moins que je ne l’aime du tout, et qu’il est là aux côtés de la vieillarde malade. Cependant je ne peux pas supporter l’idée de la décadence de la femme, sa vie au seuil de la mort. Et moi là, au seuil de la porte en la regardant, mes yeux à droit et à gauche sur le pot à fleurs et la vieillarde, je ne peux pas supporter l’idée d’autant d’années vécus inutilement, tout indique sa ; le silence, l’extermination du corps, de l’esprit de la femme, ses années oubliées, sa souffrance pour rien, pour aboutir à ce moment-là, son enfance longtemps enterrée, ses illusions, pour terminer dans ce lit et accompagnée d’un horrible pot à fleurs artificiel avec des poivrons rouges au lieu de fleurs. Ça je trouve tout à fait insupportable, navrant, n’ayant rien à voir avec mon affection pour la vieillarde, non, rien à voir avec ça, c’est juste mon inutile lutte contre l’absurdité d’une vie entière qui pour cette simple raison ne mérite pas de se terminer comme ça, de cette guise misérable. Et étant en proie à un accès fou je me jets sur le pot à fleurs, le prends et sorts de la chambre avant de le jeter à la poubelle, au risque d’avoir gâché la mort parfaite que la vieille ait pu souhaiter, va savoir. Mais je m’en fous. Au bout du compte, toute mon angoisse a eu en tout moment à faire avec moi, pas avec elle. Ma propre mort, le sens, pas de la vie, mais de ma vie. Pas de sa mort, la mort de la vieillarde. Alors, qui des deux est le plus malheureux ?

Cap comentari:

Publica un comentari a l'entrada