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dilluns, 25 de gener del 2016

Être un Beatle



Soit dit d’emblée, loin que je me souvienne j’ai été un acolyte des Beatles et il s’avère encore que je ne saurais vraiment dire quel est l’album le plus faible des Beatles, d’autant plus que je trouve même stupide la question en s’agissant de cette bande prodigieuse. Dès Please please me jusqu’à Abbey Road les chefs-d’œuvre se succédèrent, et de surcroît dans une période plutôt courte, en nombre, et avec une évolution et éventail musical sidérants. Incroyable. Irrépétible. Du jamais vu. Cependant, quant aux Beatles solo on ne peut pas dire pareil. Sans les Beatles, le talent de chaque membre resta boiteux à jamais, et en gros tout ce qu’ils avaient à dire l’avaient déjà dit. La révolution était déjà accomplie, et de quelle façon !

Cela n’empêche que la carrière solo de Lennon, McCartney et Harrison –autant laisser Ringo de côté– fût remarquable, bien qu’irrégulière en tous les trois cas. De fait, le premier album de Lennon, le sombre et cru John Lennon Plastic Ono Band (1970) fut un chef-d’œuvre incontestable alors qu’avait rien ou très peu à voir avec ce que l’artiste avait produit avec les Beatles, ce qui d’ailleurs est admirable d’autant plus que juste après Lennon publia Imagine (1971), aux résultats presque aussi excellents. De même pour Harrison qui publia le magnifique et incontournable triple album All things must pass en 1970, la même année de la sortie de Let it be, s’il est vrai que depuis Harrison n’atteignit jamais ce niveau-là. Et pour ce qui est à McCartney, sa carrière a été sans doute irrégulière… mais pour un Beatle, bien entendu. Et c’est là-dessus concrètement que je veux réfléchir.

Paul McCartney. A mon avis, pour quiconque publie des albums (solo ou avec Wings) tels que Ram (1971), Band on the Run (1973), Red Rose Speedway (1973), Venus and Mars (1975), London Town (1978), Tug of war (1982), Flaming pie (1997), Driving Rain (2001) ou Chaos and Creation in the Backyard (2005), et j’en passe, ce serait une carrière plus que satisfaisante voire enviable. Mais on parle de McCartney, on parle d’un génie, et la comparaison aux Beatles semble inévitable alors qu’injuste, de même d’ailleurs qu’il a été toujours tout à fait injuste parler de McCartney, le précurseur du heavy metal avec Helter Skelter, le compositeur de She’s a woman, Why don’t we do it in the road, et bien d’autres, comme la partie miellé des Beatles. Ce que c’est facile de coller d’étiquettes ! McCartney est un personnage quelque peu kitsch et depuis longtemps pathétique dans sa vieillesse mal menée, c’est vrai ; il a écrit assez de chansons sucrées –ce qui ne veut pas dire nécessairement futiles en tous les cas–, c’est vrai ; il suinte égocentrisme par tous les pores, c’est vrai ; il est un personnage naïve dans son inévitable monde entouré d’adulation, c’est vrai. Mais bien au-delà de son image, là on parle du musicien, et sa vaste production dans l’éclecticisme musical est incontestable, et il a réussi largement dans tous les domaines qu’il a essayés. Tous sauf deux, à vrai dire.

Au début des années 80 McCartney s’entêta à aborder la musique électronique, aux résultats pénibles à mon avis, bien qu’il y ait nombre de fans qui répètent à satiété que l’abominable album McCartney II (1980) n’est pas seulement excellent mais aussi « innovateur dans la musique électronique ». Innovateur, disent-ils, innovateur… Oh la la ! Si vous voulez écouter quelque chose décente électronique mettez un disque de Tangerine Dream ou de Kraftwerk, par exemple. Il faut être vraiment fanatique, sourd ou aveugle, va savoir, pour faire une telle affirmation d’un album, McCartney II, qui n’est qu’une vraie atteinte aux oreilles de n’importe qui avec d’oreilles, une atteinte à l’exception sans doute de la chanson qui ouvre le navet, Coming up, d’où je conseille plutôt la version de McCartney aux Concerts for the People of Kampuchea (1979), magnifique. Bon, pour être juste On the way ou encore Summer’s day song sauvent l’album de l’échec total. Avec le fait maison McCartney II le musicien tenta de rentrer dans un domaine qui méconnaissait. Légitime ? Oui. Louables, les résultats ? Non, du tout. Ça aurait été mieux donc de laisser l’expérimentation au milieu domestique. Cependant, cette rengaine stupide de « l’expérimental et réussi McCartney II » est arrivé jusqu’à ce jour. Mais écoutez, plutôt que d’acheter cet album, prenez McCartney (1970). Il est aussi domestique et expérimental, mais du moins, même s’il s’avère peu cuit, tellement un coitus interruptus, l’album est presque réussi. C’est dommage, quand même.

Pendant les dernières disons vingt longues années McCartney s’est entêté à composer musique classique, ce qui à mon avis est une mauvaise idée étant donné que l’artiste excelle lorsque la musique classique va lui chercher, pas lorsqu’il va la chercher, voilà –rappelez-vous d’Eleonor Rigby, Yesterday, For no one, ou encore The Long and Winding Road. Mais le comble des ironies c’est que c’est justement pendant ces vingt années à peu près qu’il a combiné sa négligeable musique classique avec une série d’excellents albums de ce qu’il sait faire le mieux : le pop-rock.

Le vieux McCartney perdit sa voix à trente et quelques ans, peu après doncs de quitter les Beatles ; le vieux McCartney n’a pas la force musicale d’à vingt-cinq ans. Mais son talent reste intact. Et il est plus sage. Un jour on va parler de McCartney sans préjugés, pour ce qu’il a fait exactement, et jusqu’au bout. Un jour on va parler de McCartney sans le mépriser dans le paradoxe de le louer juste comme le génie Beatle qu’il fut. Et on va s’étonner.

dimarts, 12 de gener del 2016

La joie, c'est le pouvoir



Je le savais même avant d’y entrer, je l’avoue, mais ce m’était impossible de ne pas entrer. La vendeuse sympa de l’affreux café me connaissait d’un autre café affreux où elle avait travaillé aussi comme serveuse, excellente serveuse, un café que j’avais l’habitude de fréquenter malgré, ou justement à cause, de la vulgarité du café ou plutôt du bizarre mélange entre son médiocre ensemble et quand même l’ineffable qualité de quelques produits qu’on y servait, des produits aussi vulgaires mais avec grâce, pour ainsi dire, ce qui au bout du compte leur rendait un air d’excellence irrésistible, du moins pour moi, au point de me pousser à ce café et pas à aucun autre des dizaines de cafés en village, tout aussi médiocres mais sans cette bizarre qualité que je viens de définir.


Dès qu’elle me vit, la femme sourit, un gros sourire qui sembla un ressort qui la propulsât de derrière le comptoir avant de m’embrasser très chaleureusement, pas pour rien j’ai précisé qu’elle était sympa, si sympa qu’était l’âme du café, bien que ce n’était trop difficile à la lumière de la qualité offensante de la plupart des cafés du coin. Je lui demandai un sandwich d’omelette, comme je fais toujours que je rentre dans un café pour la première fois. Ce serait possible un sandwich d’omelette, s’il te plaît ?, et elle me répondit avec un sourire d’étonnement qui d’emblée je ne compris, mais qui sur le coup me rappela que la serveuse était, effectivement, sympa, mais qu’en plus de ça était conne, tout à fait conne, aussi conne, je pensai, que l’omelette bien cuite, bien de mauvais goût qu’elle eût fait au cas où elle l’aurait pu servir, cela ne fait pas un pli. Ensuite je regardai le comptoir, juste un coup d’œil, et lorsque je vis un de ces sandwiches vulgaires que je m’attendais, les sandwiches identiques à ceux des cafés vulgaires aux sandwiches vulgaires, je souris aimablement et lui dis je voudrais ce sandwich-là, s’il te plaît.


Alors que j’attendais à la table je me mis à regarder le café, très moderne le café, comme il faut, comme les gens d’aujourd’hui les préfèrent, semble-t-il; bien illuminé, c’est dire trop illuminé, inutilement illuminé, fâcheusement illuminé à mon avis, d’autant plus qu’il était le matin, mais bien apparemment propre, le café, ne fût-ce que la propreté du plastic. Bien creux, le café, je crois bien. D’une vulgarité exquise, répétitive ad nauseam, si j‘ose dire. Puis m’arriva le sandwich accompagné du sourire de la serveuse toujours aux lèvres après avoir raconté une blague stupide à sa copine serveuse, à en juger par l’éclat de rire stupide de celle-ci. Inutile de dire que le sandwich était infâme, mais pourtant il ne me déçut, bien au contraire, lorsque je le goûtai il était effectivement dégoûtant à cause notamment de la vulgarité absolue du pain, même si le jambon avait plutôt goût de savon. Toutefois, le sandwich immangeable me semblait un peu mieux que prévu.


Puis je mangeai le sandwich, morsure après morsure, et pour éviter de me rappeler que j’étais en train de le manger je regardais les clients, comment ils mangeaient leurs sandwiches, leur visage de satisfaction ou du moins d’inconscience absolue de l’atrocité qu’ils avalaient avec confiante passion. Quelle bénédiction, d’être comme ça, pensai-je. Comme je les envie ! Je voudrais être comme eux ! Je veux être eux!, pensai-je. La serveuse était heureuse, elle aussi, ravi maintenant derrière le comptoir prenant une baguette du rayon pour un client. C’était bien évident qu’elle, la serveuse sympa, était heureuse de travailler comme serveuse, qu’elle était heureuse, et que toute sa gentillesse ne provenait que de sa joie de travailler comme serveuse sans même pas savoir du tout ce qu’elle servait chaque jour travaillant comme serveuse, parce que, entre autres raisons, il ne fallait pas quand même le savoir vue la jouissance des clients en avaler ce ratatouille-là. Je regardais ça et pensai à l’impossibilité du triomphe de l’excellence, de la raison, et même de savoir vraiment qu’est-ce que la gentillesse, si elle existe. Parce qu’à tout le moins là, dans le café, il ne semblait exister que le bonheur, quel que soit son prix.